Sunday, December 16, 2007

La Spectatrice



Spectatrice (La)


La Spettatrice
Italie, 2004
De Paolo Franchi
Scénario : Heidrun Schleef, Rinaldo Rocco, Daniela Ceselli, Diego Ribon, Daniela Caselli, Paolo Franchi
Avec Barbora Bobulova, Andrea Renzi, Brigitte Catillon, Chiara Picchi, Matteo Mussoni, Giorgio Podo
Photo : Giuseppe Lanci
Musique : Carlo Crivelli
Durée : 1h38
Sortie : 14 Septembre 2005



Valeria vit une existence vide de toute relation sentimentale. Tous les jours, elle observe Massimo, un inconnu qui vit en face de chez elle. Lorsque qu'il disparaît, l'univers de Valeria s'effondre. Apprenant qu'il a déménagé pour Rome, elle décide de se lancer sur ses traces...





Malgré ses quelques soubresauts (Private, Luna Rossa, Buongiorno Notte…), le cinéma italien ne trouve toujours pas le moyen de décoller tout à fait. Nouvelle victime en date, le premier film de Paolo Franchi, drame convenu, d’une inoffensive mollesse de propos doublée d’un conservatisme aboulique. Avec ses protagonistes glacés, sa frigidité embourgeoisée de mélo amoureux sans grâce, La Spectatrice révèle une ambition paresseuse de roman-photo désespérément transalpine. On sait pourtant combien la bannière nationale n’a que peu de sens, pour faire l’erreur de regrouper à ses pieds un corpus cohérent.



Pourtant, où donc a-t-on déjà croisé ces embarrassantes violonnades stridentes, en crescendo sur des branlettes et coïts honteux? Où donc s’est-on navré qu’un filmage souple et soigné soit mis au service d’un propos lénifiant à l’émotion facile? Où donc le mélange de bellâtre insignifiant (Andrea Renzi, tout en œillades et sourcils froncés), naïade gironde (Barbora Bobulova, toute en seins et chair blanche) et vraie bonne actrice mal tombée (Brigitte Catillon, toute en classe et finesse), s’est-il pareillement produit?




On a, rapidement, deux réponses, et peut-être enfin un indice: Souviens-toi de moi et La Felicità. Un dénominateur commun: Heidrun Schleef, scénariste en pleine expansion (Je lis dans tes yeux est sorti cet été sous un déluge de critiques consternées et Le Dernier Signe sort également aujourd’hui, précédé de rumeurs calamiteuses) que, hasard ou coïncidence, Franchi a réquisitionné ici, en compagnie d’une tripotée de co-auteurs. Notons toutefois, avant de tirer des conclusions trop hâtives, qu’à son actif Schleef compte pour seul mais conséquent titre de gloire La Chambre du fils de Nanni Moretti (dont Franchi a également piqué le directeur de la photo). Cette dernière précision donnée, on s’accordera donc une marge d’erreur. Sans pour autant encourager le spectateur à rencontrer La Spectatrice.


'est une inspiration très littéraire, et d'autant plus dangereuse, qui semble avoir dicté à La Spectatrice son sujet. Valéria, jeune traductrice effacée, tombe amoureuse d'un homme, Massimo, qu'elle voit chaque jour de sa fenêtre dans l'appartement d'en face. Un jour, dans un congrès de pharmacologie, elle s'aperçoit soudain que l'intervention qu'elle est en train de traduire dans sa cabine est prononcée par ce même homme.



Quand Massimo quitte la ville pour s'installer à Rome, où vit sa compagne, Valéria, sur un coup de tête, le suit. Elle y approche cette femme, une juriste plus âgée que Massimo qui se refuse à la vie commune, et devient son assistante, entrant ainsi indirectement dans l'intimité de ce couple en voie de dissolution. De cette belle et étrange idée, à la lisière d'un fantastique discret témoignant de l'incommunicabilité du désir, le réalisateur Paolo Franchi ne fera, hélas !, pas grand-chose, signant un film empêché par sa théorie même, crispé par une froideur contrainte, et interprété par des acteurs quasiment momifiés. ­

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